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AMITIE, ACCIDENT, VULNERABILITE ET ASPERGER

… L’amitié est une chose rare et précieuse. On croit être entouré de beaucoup d’amis mais, face aux difficultés, peu répondent présent : « c’est dans la peine que l’on reconnaît ses amis ». Nous ne prenons conscience de cet aphorisme que le jour où nous y sommes confronté. C’est ce qui m’arriva au point que, rétroactivement, j’ai presque l’impression d’avoir « acheté » mes amitiés.

Je possédais tout – du moins je le croyais : pouvoir, argent, relations, bref une vie professionnelle bien remplie et enrichissante. Que rêver de plus ? J’étais comblé. J’aurais pu ne m’apercevoir de rien, j’aurais pu ne rien voir, ne rien comprendre. Confortablement installé dans ma vie, inconscient des réalités, je brûlais  la chandelle par les deux bouts au même titre que ceux qui m’entouraient. J’avais tant à faire, rien ne pouvait m’arriver. Jusqu’au jour où ma vie bascula… en 2007.

Un accident de parcours qui m’a fait descendre de mon piédestal, qui m’a enfin permis d’ouvrir les yeux sur mon univers et de comprendre combien je m’étais trompé. Tout n’était qu’un leurre : ce train de vie princier qui m’étourdissait, mon entourage superficiel qui m’a tourné le dos dès que je me suis trouvé vulnérable, affaibli par la maladie. Envolés les amis. Finie, la belle vie.

Seul face à moi-même, il était devenu impossible de mentir : j’affrontais la réalité. Mais comme à toute chose malheur est bon, j’en suis ressorti plus fort alors que tous me croyaient perdu. J’en suis finalement revenu, mieux encore, je me suis retrouvé et réalise combien j’ai cessé de vieillir ; cerise sur le gâteau, je m’éveille à la vie.

Dans un premier temps, je pris conscience que je ne devais plus compter sur les autres. D’ailleurs, dans les quatre ans qui suivirent ma sortie d’hôpital, je n’aspirais qu’à une chose : avoir un minimum de personnes autour de moi ! Ma jeunesse s’était enfuie avec les atouts qui l’accompagnent, surtout lorsqu’on est un leader : il fallait que j’accepte d’être seul pour me reconstruire. Quand j’étais plus jeune, mes disciples oubliaient mon caractère excessif pour ne voir que le jeune homme talentueux, généreux, entreprenant et plein d’énergie. Mais maintenant que ce dernier ne semble plus leur être utile, ils pensent – sans le cacher – que mon comportement était inacceptable.

… Mais revenons à ma singularité. Si quand j’étais gosse mes proches avaient détecté que j’étais un Asperger, ils auraient voulu me soigner, m’aider afin de faciliter mon intégration sociale. Dans une certaine mesure tout aurait été plus simple pour moi. Mais d’un autre côté, leur volonté de bien faire m’aurait considérablement influencé et aurait rendu plus difficile, voire quasi impossible, mon ascension professionnelle qui fut loin d’être « normale ». Car pour agir comme je l’ai fait, il fallait être complètement excentrique, différent à l’extrême ou même fou ! C’était presqu’un suicide annoncé.

Les Neurotypiques – dénomination que nous, les Aspies, donnons aux gens normaux  – qui m’entouraient n’ont même pas vu ce qui pourtant sautait aux yeux. Il m’a fallu 50 ans pour mettre un nom sur ma souffrance et pendant tout ce temps les questions que je me posais viraient à l’obsession : pourquoi ne m’appréciait-on pas ? Pourquoi étais-je exclu alors que je luttais sans relâche pour tenter de m’intégrer ? Mais maintenant tout est clair : je suis un être différent, porteur du syndrome d’Asperger, une pathologie détectée en 1943, reconnue par les instances médicales en 1993.

Extrait de la biographie en préparation : ‘Footballeur, Gay, Asperger’

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