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LA RELIGION ET LE SPORT, VECTEURS MORAUX OU COMPLICES ?

Certes la décadence semblait régner à Sodome et Gomorrhe, mais celle-ci ne peut être raisonnablement imputée aux seules pratiques sodomites. Raisonnons un peu : comment expliquer alors que ces 2 cités aient été les seules à subir les foudres divines à une époque où la bisexualité – de fait l’homosexualité – ne choquait personne ? Le livre de la Genèse lui-même n’énumère pas explicitement les faits reprochés. De ce fait, la thèse d’un procès d’intention peut être évoquée. Ce prétexte a alimenté une discrimination homosexuelle entretenue par les religions monothéistes depuis plus de 2 millénaires, ce qui est finalement peu par rapport à la naissance des premières civilisations, il y a plus de 5300 ans. Cette stigmatisation envers les minorités différentes, hors des normes imposée par des dictats religieux, a rejeté, martyrisé ou exécuté des milliers d’innocents alors que si l’on s’en réfère au nouveau testament, cette discrimination va à l’encontre de la tolérance prônée par Jésus Christ puisqu’il appela les hommes à s’aimer les uns les autres.

Les propres scandales internes de l’église catholique ont conduit à ce qu’un grand nombre de personnes assimile l’homosexualité à la pédophilie. Une confusion mortifère qui autorise tous les excès pouvant aller jusqu’au lynchage tel que cela se pratique aux 4 coins de la Planète. Un amalgame tout simplement intolérable et irresponsable lorsqu’on sait que la sexologie moderne a d’ores et déjà démontré que les homosexuels n’ont aucune tendance à la pédophilie. D’ailleurs les statistiques le prouvent clairement : les affaires de pédophilie concernent, pour la grande majorité des cas, des hommes hétérosexuels qui agressent des fillettes.

Sous la Férule du Pape François qui semble être plus pragmatique que ses prédécesseurs, l’Eglise – sans forcément inclure l’homosexualité dans ses préceptes – ne pourrait-elle pas en comprendre la nature et le faire savoir aux milliards de croyants qui peuplent la planète parmi lesquels il faut bien l’admettre, se trouvent des dizaines de millions d’homosexuels. Il suffirait d’expliquer aux fidèles que deux personnes du même sexe peuvent s’aimer sans que ce soit assimilable à un quelconque péché. Les religieux qui le feraient appliqueraient simplement le principe fondamental enseigné par Jésus Christ lorsque ce dernier prêchait qu’il faut s’aimer les uns les autres. Le fait d’aimer qui l’on veut n’est-il pas le symbole même de liberté et de paix entre tous les hommes ?

De plus, une fois pour toute, il faut se le dire : le milieu du sport compte en son sein la même proportion de personnes homosexuelles que partout ailleurs. Ce n’est pas par ce que de nombreux dirigeants contestent publiquement cette logique que c’est vrai pour autant. Au contraire, ce déni en dit long et impose aux stars homosexuelles de continuer à se taire.

Dans le monde, la communauté LGBT dépasse largement le milliard de personnes, dont la plupart doivent dissimuler leur différence compte tenu de l’augmentation inquiétante des persécutions dont ils sont victimes. Compte tenu de l’exceptionnelle influence médiatique que le sport véhicule – notamment le football – le sport a par éthique la responsabilité d’être un vecteur essentiel pour la défense des droits humains les plus élémentaires dont la lutte contre l’homophobie est un maillon central.

Il semble évident que les instances dirigeantes de la FIFA sont particulièrement laxistes sur ce sujet. Certes, elle a fini par sévir contre le racisme en ordonnant des sanctions exemplaires. Une mesure qui porte aujourd’hui ses fruits de manière efficace. Qu’en est-il alors de l’homophobie qui reste un secret de polichinelle dans le football ? Ne constitue-t-elle pas au même titre que le racisme une discrimination mortifère que les victimes subissent dans une douleur impossible à partager ?

Une non-intervention face à cette grave discrimination est condamnable dès lors que l’art.3 de ses statuts mentionne clairement « Toute discrimination d’un pays, d’un individu ou d’un groupe de personnes pour des raisons d’ethnie, de sexe, de langue, de religion, de politique ou pour toute autre raison est expressément interdite, sous peine de suspension ou d’exclusion ». Pourquoi cet article n’est-il pas tout simplement appliqué ?

Pas besoin de commissions qui dissertent indéfiniment sur ce sujet comme l’expliquait Michel Platini lorsqu’il était Président de l’UEFA. D’autant plus que ce dernier, ami d’enfance d’Olivier Rouyer – un des principaux défenseurs des droits des membres LGBT dans le football – connaît parfaitement l’ampleur de ce problème singulier. En fait, une dose de bonne volonté de la part des dirigeants suffirait.

Face à l’inaptitude d’une ONU dépassée par les évènements, les dirigeants de la FIFA ont aujourd’hui un devoir d’éthique à utiliser la popularité et le pouvoir médiatique du football pour défendre efficacement une communauté LGBT ostracisée. Un discours du Président de la FIFA – Gianni Infantino – suffirait pour mettre en pratique des sanctions identiques à celles appliquées pour le racisme. Une solution simple et efficace étant donné que l’article et la sanction existent déjà.

Une action exemplaire qui aurait un retentissement planétaire auprès de tous les milieux sportifs et qui s’adresserait surtout à une population planétaire dont une grande partie est désinformée par des médias muselés ou ignorante de certaines réalités.

Outre cette contribution importante pour lutter contre l’homophobie, il semble tout aussi évident que la FIFA et le CIO ne doivent accorder l’organisation des leurs grandes compétitions très médiatisées qu’à des nations respectueuses des droits de l’homme les plus élémentaires. Cette mesure efficace aurait évité de voir le Qatar hériter de la coupe du monde 2022 et ainsi lutterait de facto contre les discriminations et l’exploitation inhumaine des travailleurs étrangers ou même locaux si l’on s’en réfère à ce qui s’est passé à Sotchi pour les JO de Poutine.

En mai 2017, l’UEFA faisait savoir qu’elle tiendrait compte d’un critère relatif à la « protection des droits de l’homme » dans son choix entre l’Allemagne et la Turquie pour l’organisation de l’ « Euro 2024 ». Est-ce un premier pas ? Des décisions courageuses de cet ordre seraient indiscutablement des gestes considérables en faveur du droit à la différence qui est fondamentalement lié à celui des droits de l’homme, une main tendue vers les associations luttant pour la défense de minorités martyrisées et un appui primordial pour les institutions de l’ONU qui tentent d’agir en ce sens.

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