SOS TOLERANCE ASSOCIATION Voir c'est savoir
Morphologiquement j’étais petit et chétif. Il me fallait donc être malin, intelligent et viser l’excellence. Je n’ai jamais compté sur le talent dont la nature m’avait dotée, mais sur le talent que les circonstances m’obligeaient à développer. Pour atteindre mes objectifs j’étais prêt à travailler encore et encore, quitte à ce que cela devienne une obsession. Sortir de la normalité ambiante me paraissait évident, les loisirs les plus courants tels que les sorties à la piscine avec les copains ou les nuits entières passées en boîte de nuit me laissaient de marbre. Pire, ils m’excédaient.
Ma nature excessive exigeait que je sois toujours un précurseur, une personne en-dehors de la norme qui suscite l’étonnement de ceux qui attendent que tout leur tombe dans les mains sans fournir aucun effort. J’innovais pour surprendre, je voulais laisser une trace de mon passage et je réussissais fort bien, quelquefois même au delà de mes espérances. J’y ai laissé des plumes, on m’écartait de réunions où tout le reste de la communauté était invitée. On jasait, on se moquait de celui qui voulait toujours avoir raison. En fait j’avais raison trop tôt et lorsque les gens s’en apercevaient c’était souvent trop tard.
La façon dont j’agissais était le meilleur moyen pour me retrouver seul. J’étais en manque d’affection, ce qui me poussait à rechercher l’amitié plutôt que le simple copinage. Une équation du bonheur impossible qui provoquait l’exaspération de tout le monde.
J’en vins à constater que l’amitié se fane rapidement, tout comme la beauté pour celui qui en est trop pourvu. Je pensais que l’on pouvait se contenter d’une dizaine d’amis intimes, mais je me rendis rapidement compte qu’il valait mieux avoir une centaine de simples camarades. L’excellence ne compte plus : les gens fonctionnent en suivant la loi de l’offre et la demande, c’est ainsi.
On a toujours beaucoup d’amis tant qu’on n’attend rien d’eux, tant qu’on ne les met pas à l’épreuve. Je parle d’une vraie mise à l’épreuve, celle qui implique le don de soi. Suite à mes problèmes familiaux je recherchais continuellement la compréhension, la confiance ou encore la reconnaissance. Un vœu pieux qui ne peut être compris que par ceux qui ont connu pareille situation. L’illusion ne résiste pas à l’épreuve.
Extrait de la biographie en préparation : ‘Footballeur, Gay, Asperger’
