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ROME, SEXE ET ESCLAVAGE

Dans la Rome antique, comme dans la Grèce antique, les relations sexuelles n’étaient pas définies selon des critères biologiques (identité ou différence sexuelle des partenaires) mais selon des critères sociaux, à savoir l’adéquation entre l’usage d’autrui pour le plaisir charnel et sa place dans la structure sociale. On ne parle ni d’homosexualité, ni d’hétérosexualité à une époque où les rapports sexuels entre personne de même sexe ne posaient aucun problème. Le terme « homosexualité » ne fut d’ailleurs énoncé pour la première fois qu’au XIXème siècle, en 1868. Dans les faits, l’amour entre deux personnes du même sexe ne fut ostracisé que depuis l’émergence des religions monothéistes (le Christianisme et l’Islam) toujours enclines à contrôler leurs ouailles.

L’exemple de Jules César, surnommé « le mari de toutes les femmes et la femme de tous les maris », est explicite sur les mœurs de l’époque. L’emblématique et machiavélique sénateur Cicéron rapporte ainsi le comportement de Nicomède IV, le Roi de Bithynie, vis-à-vis de Jules César – alors adolescent – venu lui demander, au nom de Rome, le renfort de sa flotte : « Le Roi donna l’ordre à ses gardes de conduire César dans sa propre chambre et de le coucher sur son lit d’or revêtu de pourpre… » Amoureux du jeune éphèbe, le Roi aurait procédé à un échange de service que l’ambitieux jeune homme ne lui refusa pas. Une concession qui lui vaudra d’être moqué ouvertement jusqu’à son assassinat. Ces allusions documentées vaudront à Octave – que César désigna secrètement comme son successeur alors que rien ne prédisposait cet adolescent féru d’hellénisme à assumer une telle charge – des commentaires ambigus sur sa désignation. Par bonheur, Octave se révéla être un stratège politique de génie qui fut le premier, et le plus grand, des Empereurs sous le nom d’Auguste.

Au temps de l’Empire romain, les Empereurs ne cachaient pas leurs libertinages avec leurs gitons ou autres amants. L’empereur Hadrien, amoureux d’un jeune Grec originaire de Bithynie, érigera même un temple et une ville en mémoire de celui-ci. Pendant plus de 200 ans, on célèbre dans tout l’Empire des fêtes en la mémoire d’Antinoüs son jeune amant qui se noya dans le Nil en Egypte.

Après dix siècles de liberté sexuelle au sein de la Rome antique, Saint Théodose, l’un des premiers empereurs romains chrétiens, proclame le 6 août 390 un édit condamnant à mort les homosexuels. Ce passage vers une répression directe de l’homosexualité est directement lié à l’affirmation du christianisme qui pose la contradiction entre la chair et l’esprit, condamnant le plaisir en soi et prônant la tempérance. Progressivement la relative liberté en la matière disparaît. Le christianisme de persécuté devient persécuteur : les lois des saints empereurs byzantins – Théodose et Justinien – sont les premières à prévoir le bûcher pour de tels actes. Une pratique qui perdurera sous l’inquisition au Moyen-âge à laquelle échappa, in extremis, Léonard de Vinci en 1476.

La montée en puissance du christianisme et de l’islamisme sanctionne une révolution dans l’histoire des relations entre les hommes : L’émergence de la morale religieuse toujours plus stricte à l’égard de la sexualité et de l’érotisme en général. Elle s’opposera de manière toujours plus virulente à l’hédonisme du monde antique gréco-romain et en précipitera la fin.

Une obstruction qui ressurgit au 21ème siècle avec une répression contre les membres LGBT qui s’intensifie au fur et à mesure que la démocratie recule dans le monde.

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