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HOOVER, GAY FRUSTRÉ, ALTER EGO DE BERIA

Machiavélique, Edgar Hoover, inamovible patron du FBI, est une personnalité apparemment schizophrène, homosexuel dans la vie privée et homophobe en public qui vécut dans le secret de ses préférences. Un personnage extrêmement trouble pour ne pas dire maléfique de l’histoire américaine.

Certes, il est à l’origine de la création de la police fédérale américaine (FBI). Avant cela, la police était strictement organisée géographiquement. Lorsqu’il fallait poursuivre un criminel en dehors des frontières d’un état fédéré, c’était extrêmement compliqué. Hoover a créé des crimes fédéraux qui permirent au FBI de se structurer et de développer une vraie police scientifique. Il a mis sur pied un corps d’élite recruté sur des critères très exigeants : les femmes n’étaient pas admises, le mariage était un handicap et la soumission à son égard était un critère essentiel à un avancement.

Le FBI de Hoover était quasiment sectaire. Ce qu’il y avait de positif chez lui, c’est le flic, l’homme de l’anti-gang qui mit pourtant du temps à reconnaître l’existence d’une mafia organisée. Il faut dire que le principal boss principal de cette dernière aurait été en possession de photos compromettantes sur son homosexualité : un bon motif de chantage qui semble avoir bien fonctionné pendant des décennies. Il faut préciser qu’Hoover n’avait pas de leçon à recevoir dans ce domaine vicieux : il mettait systématiquement les homme politiques importants sur écoutes intimes de sorte qu’à chaque changement de Président, il faisait chanter le nouvel arrivant. Seul Robert Kennedy – nommé ministre de la justice par son frère John élu Président – tenta de s’opposer à ses pratiques. Bizarrement, ils furent assassinés tous les deux…

Sa compromission avec la mafia était évidente. Joueur invétéré, Hoover passait tout son temps avec son adjoint Tolson – qui fut son amant et héritier – dans des établissements appartenant à la mafia qui lui offrait des séjours royaux et des repas succulents. Il ne payait donc jamais rien et d’ailleurs certaines courses de chevaux étaient truquées afin que cet affidé pervers puisse gagner. Lors de son règne, les homosexuels faisaient l’objet de persécutions infamantes. Hoover, un héros exemplaire comme le définira Nixon ? Gay en tout cas, même si son parcours personnel fut triste et infernal pour toutes ses victimes innocentes. Pour la mafia, ce fut par contre une période dorée. Hoover résista à huit présidents pendant près d’un demi-siècle.

L’avocat Roy Cohn – associé de Hoover lors des enquêtes du Maccarthysme  des années 1950, homosexuel notoire et avocat de la mafia – était d’avis que Hoover avait trop peur de sa propre sexualité pour entretenir quoi que ce fût qui pût s’approcher d’une « relation sexuelle normale. »

Après l’ère Hoover, le mandat limité à 10 ans est instauré pour le chef du FBI. Ceci n’empêchera pas Donald Trump de virer sans ménagement le patron du FBI James Comey quelques semaines après son investiture. Comme s’il était amnésique, Donald semble oublier qu’il doit au Républicain Comey – nommé patron du FBI par son prédécesseur démocrate Obama – une partie de son élection. Effectivement, de manière complètement inopinée, ce dernier n’a-t-il pas trois jours avant l’élection relancé une enquête sur les emails d’Hillary Clinton ? Il est indéniable que cet épisode coûtera à Hilary une victoire qui lui semblait acquise ?

Après avoir fait le jeu de Poutine – qui semble bien avoir instrumentalisé l’élection de Trump par hackers interposés – c’est en enquêtant sur cette intrusion qui implique des membres « Trumpiste » que ce brave et bizarre Comey perdit sa place : curieuse Amérique capable du pire et du meilleur à la grande satisfaction de l’indéfectible Tsar du Kremlin.

Et pour ce qui est de la comparaison, pour les coups tordus – notamment les enregistrements intimes pour faire du chantage – entre l’Amérique de Hoover et la Russie de l’ex-KGB dont Poutine est issu, il est intéressant de comparer Hoover avec son alter ego Lavrenti Beria qui sera assassiné en 1953.

Lavrenti Beria fut le redoutable chef du NKVD soviétique qui donna naissance au KGB. Membre du Politburo dès 1946, ce pervers contrôlait l’ensemble de la sécurité intérieure et extérieure de l’Union soviétique. Personnage cruel et sadique, il présida lui-même certaines séances de torture dans son bureau de la Loubianka ou de la prison de Lefortovo. Il organisait des arrestations en masse et des exécutions de dissidents ou de personnes innocentes. Il est notamment responsable en 1940 de l’exécution du metteur en scène Vsevolod Meyerhold, de l’écrivain Isaac Babel et du journaliste Mikhaïl Koltsov. Tel un virtuose, il se vantait cyniquement de pouvoir faire avouer à tout individu tombé entre ses mains qu’il était le « roi d’Angleterre » : comme si être tortionnaire était un exploit.

Présenté par Staline comme « le chef de notre Gestapo » ou encore « notre Himmler » ce charmant bonhomme fut l’organisateur des Goulags qui hébergent de nos jours, outre des vrais criminels, les opposants ou autres homosexuels que le pouvoir veut détruire. Devenu menaçant, Beria fut nommé par Staline à d’autres postes soi-disant plus prestigieux afin de l’écarter de la direction du NKVD qui était l’outil central de répression. Il échappa alors à son élimination programmée par Staline – qui accumulait de fausses preuves contre lui – par la mort du père des peuples sans qu’on sache vraiment s’il n’était pas lui-même l’organisateur de ce décès mystérieux qui lui sauvait la vie. Effectivement, il se serait vanté d’avoir empoisonné Staline. Il est vrai qu’il fut l’un des convives du dernier repas de celui-ci. D’ailleurs, son comportement après la mort de Tyran accrédite cette version.

Alors qu’il s’apprêtait à prendre le pouvoir suprême en détruisant toutes les preuves contre lui (il fera même raser la demeure de Staline), Beria sera éliminé par ses « camarades » qui le redoutaient plus que tout. Ses dernières lettres avant sa mort montrent un homme suppliant et effondré : la preuve qu’un tortionnaire n’est qu’un homme finalement. Et lâche dans son cas comme le fut Himmler à la fin de la guerre.

Simon Sebag Montefiore, un écrivain et historien britannique spécialisé dans l’histoire de la Russie, qualifie Beria de « pervers », de « violeur », et relate qu’il avait pour habitude de conduire en limousine la nuit à Moscou afin d’enlever des femmes pour en abuser sexuellement. L’auteur raconte également qu’il adorait torturer. Beria avait aussi le goût des jeunes filles et se livrait à des virées avec ses gardes du corps pour capturer des lycéennes à la sortie des cours qu’il emmenait à la Loubianka pour les violer. Il n’était pas du tout homosexuel, mais un vrai pédophile. Un sujet de réflexion pour les homophobes ignorants. Ce fut le début d’une déstalinisation qui renait ajourd’hui.

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