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LÉONARD DE VINCI, LA JOCONDE ET SALAI (11 / 15)

En 1502, Léonard de Vinci est appelé par le prince César Borgia, duc de Valentinois et fils du pape Alexandre VI, avec le titre de « capitaine et ingénieur général ». Grâce au laissez-passer rédigé par César Borgia, il séjourne dans les Marches et la Romagne pour inspecter les territoires nouvellement conquis, les forteresses, les canaux, pour lever des plans ou dessiner les cartes des villes, remplissant ses carnets de ses multiples observations, cartes, croquis de travail et copies d’ouvrages consultés dans les bibliothèques des villes qu’il traverse. Il a pu dans ces circonstances rencontrer Nicolas Machiavel, « espion » de Florence au service de Borgia, les deux hommes travaillant au projet de détournement de l’Arno.Cette période est importante pour la formation scientifique de Léonard de Vinci qui, dans ses recherches hydrauliques, pratique l’expérience. En 1504, il revient travailler à Milan, qui est désormais sous le contrôle de Maximilien Sforza, grâce au soutien des mercenaires suisses.

Son père meurt le 9 juillet et Léonard est écarté de l’héritage en raison de son illégitimité ; La même année, Léonard réalise des études anatomiques et tente de classer ses innombrables notes.

Léonard de Vinci commence à travailler La Joconde (1503-1506 puis 1510-1515) qui est habituellement considérée comme un portrait de Mona Lisa del Giocondo. De nombreuses autres interprétations au sujet de ce tableau sont encore discutées et paraissent pour le moins aussi pertinentes.

Lors de son séjour milanais, alors qu’il travaille sur le cheval de Bronze de Ludovic Sforza, Léonard de Vinci rencontre un jeune adolescent non-lettré aux airs voyous qu’il prend sous son aile. Il s’appelle Gian Giacomo Caprotti da Oreno ou Salai, un diminutif qui signifie « petit diable ». Salai « est un gracieux et beau jeune homme avec des cheveux fins et bouclés » si l’on en croit l’artiste biographe Giorgio Vasari qui précise « avec lequel Léonard était grandement ravi ». Il semble évident qu’en adoptant Salai, dont il était épris, Léonard de Vinci cherchait à rompre une grande solitude consécutive à son activité obsessionnelle. Absorbé par ses multiples passions, Léonard ne dormait quasiment pas au point d’adopter une méthode polyphasique pour récupérer. Si l’on en croit ses biographes, Léonard ne dormait qu’un quart d’heure toutes les quatre heures soit une heure et demi par jour.

Certes la relation de Léonard de Vinci avec Salai fut parsemée d’embrouilles. Ses multiples petits délits valurent que Léonard le qualifie de « voleur », « menteur », « têtu » ou encore « glouton » tout en le soutenant en toutes occasions, notamment lorsque son diablotin profitait de sa position pour importuner les autres élèves de la Bottega (atelier d’artistes). Léonard était visiblement épris de Salai et leur affection mutuelle perdurera jusqu’à la fin. Entre temps, Salai appris à peindre sans pour autant atteindre le niveaux de meilleurs élèves de Léonard dont les plus doués furent Giovanni Antonio Boltraffio et Marco d’Oggiono. Il servira de modèle à Léonard, notamment pour de nombreux dessins ou encore le tableau de Saint Jean Baptiste (entre 1513 et 1516) qui présente, de plus, des similitudes troublantes avec Mona Lisa, le portrait de la Joconde.

Effectivement, le visage superposé de Mona Lisa avec celui du Saint Jean Baptiste (celui de Salai) laisse supposer que l’une ou l’autre serait une seule personne si l’on s’en tient au travail de recherche de la doctorante en sciences de l’Art Sophie Herfort. Une autre expertise laisserait entendre que Mona Lisa serait un mélange des visages de  Lisa Gherardini (le modèle officiel) et celui de Salai tel qu’il apparaît sur le tableau se Jean Baptiste. Outre la superposition des visages, de multiples autres éléments objectifs renforcent l’hypothèse que le visage de Salai ferait partie intégrante de celui de la Joconde.

Toujours est-il que l’identité certifiée de Mona Lisa est loin d’être connue. Une seule certitude, le jour de la mort de Léonard de Vinci, trois de ses œuvres majeures l’accompagnaient : La Joconde, le Saint Jean Baptiste et La Vierge, l’enfant Jésus et Sainte Marie comme s’il gardait auprès de lui les représentations de son amant et une présence divine qui ne se limitait à un seul Dieu auquel il n’adhérait pas.

Salai hérita notamment de la Joconde qu’il aurait vendue, suivant certaines sources, à François 1er pour 4000 écus d’or. Une somme qui représente l’équivalent de cinq ans de travail pour un artiste attitré de bon niveau comme l’est Francesco Melzi, l’autre compagnon de Léonard de Vinci qui le considèrera comme son élève favori. C’est d’ailleurs lui qui hérita des fameux carnets du génie dont chaque manuscrit, page, croquis, dessin, texte et note est considéré comme une œuvre d’art à part entière. Le Codex de Leicester composé de 72 pages essentiellement scientifiques ont été acquises en 1994 par Bill Gates pour 30,8 millions de $US ce qui en fait le livre le plus cher du monde.

Salai retourna à Milan pour y construire une maison dans le vignoble qui lui fut légué par son protecteur. En 1525, Salai meurt de mort violente, assassiné ou suite à un duel.

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