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GÉNIES EXTERMINÉS ?

En général, le terme « euthanasie » (littéralement « bonne mort ») fait référence au fait de provoquer une mort sans douleur chez un malade chronique ou en phase terminale. Dans le contexte nazi, il s’agissait d’un euphémisme pour désigner un programme clandestin d’assassinat ayant pour but l’extermination systématique des handicapés physiques et mentaux vivant en Allemagne et dans les territoires annexés.Le programme d’« euthanasie » fut le premier dans l’Allemagne nazie à envisager le meurtre de masse. Il précéda d’environ deux ans le génocide des Juifs (l’Holocauste) et fut l’une des nombreuses mesures eugéniques radicales visant à restaurer l’« intégrité » raciale de la nation allemande. Son but : éliminer des personnes atteintes de handicaps psychiatriques, neurologiques ou physiques qui représentaient, à leurs yeux, un fardeau génétique et financier pour la société et l’État allemands. En fait, ce que les racistes nazis considéraient comme des « vies indignes d’être vécues ».

Le programme dura donc jusqu’à la fin de la guerre en touchant un nombre grandissant de victimes qui finissaient par compter des patients en gériatrie, des victimes de bombardements ou encore des travailleurs forcés étrangers. Les historiens estiment que, toutes phases comprises, le programme d’« euthanasie » causa la mort de plus de 200 000 personnes.

À plus d’un titre, le programme d’« euthanasie des inaptes » permit à l’Allemagne nazie de se préparer pour les politiques génocidaires à venir, notamment celles qui concernèrent les juifs ou les Tsiganes.

Les organisateurs de la Solution finale empruntèrent par la suite les chambres à gaz et les fours crématoires conçus spécialement pour la campagne du T4 pour assassiner les Juifs d’Europe occupée. Les membres du T4 – après avoir fait leurs preuves lors de ce premier programme d’exécutions de masse – figuraient en première place au sein du personnel allemand posté dans les premiers centres de mise à mort de l’Holocauste (l’Opération Reinhard) à Belzec, Sobibor et Treblinka.

L’OCCUPATION ALLEMANDE À L’EST

La violence allemande n’épargna pas les personnes handicapées dans l’Europe de l’Est occupée. Le programme d’« euthanasie », d’abord conçu comme une mesure

Cependant, comme la conviction idéologique nazie qualifiait ces personnes comme des « vies indignes d’être vécues », les patients institutionnalisés devinrent également la cible d’exécutions par balle en Pologne et en Union soviétique. Dans ces cas, ce n’étaient pas ceux qui avaient mis en place le programme même — les médecins, les soignants et les administrateurs du T4 — qui se chargeaient des meurtres, mais la SS et la police.

À l’automne 1941, plus de 30 000 patients avaient été éliminés en Poméranie, en Prusse occidentale ou encore en Pologne occupée dans le but de faire de la place pour les colons allemands (Volksdeutsche) transférés entre autres, des pays baltiques.

Dans les territoires occupés soviétiques, la SS et la police tuèrent également des patients lors d’exécutions de masse ou dans des camions à gaz. Des milliers d’autres moururent assassinés dans des cliniques en Pologne et en Union soviétique.

Comme les auteurs de l’annihilation physique des Juifs d’Europe, les organisateurs du programme d’« euthanasie » imaginaient une société racialement pure et productive. Ils adoptèrent des stratégies radicales dans le but d’éliminer tous ceux qui ne correspondaient pas à cette vision.

 

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